« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

mercredi 28 novembre 2012

Le "sociologue" Bruno Latour tarde à rejoindre la terre.

Le 5 mars 2009 sur le site Rue 89 Guillaume Lachenal publie un article intitulé: "Réforme des universités : allo Latour, ici la terre" en nous présentant les facéties de "Bruno Latour, philosophe à succès, star des écoles de management outre-atlantique, devenu sur le tard directeur scientifique de Sciences Po [en 2007]" (cf : http://www.rue89.com/2009/03/05/reforme-des-universites-allo-latour-ici-la-terre). 

Le 31 octobre 2012 dans le blog "Le grand amphi" du Monde Benoît Floc'h publie un article intitulé "Sciences po : le rapport final de la Cour des comptes" relatif à la gestion de Sciences-po sur la période 2005 - 2010 (cf : http://enseignementsup.blog.lemonde.fr/2012/10/31/sciences-po-le-rapport-final-de-la-cour-des-comptes/).

Dans Le Monde daté du 29 novembre 2012 Bruno Latour publie un article à la gloire de la vie et l'oeuvre de Richard Descoings feu directeur de Sciences-po : "Richard Descoings est mort pour la seconde fois" en réaction au rapport de la Cour des comptes évoqué ci-dessus.

Pour comprendre l'aspect clownesque de l'article de Bruno Latour il suffit de juxtaposer des passages pleins de morgue de ce "sociologue" pour élites auto-proclamées avec des éléments factuels du rapport de la Cour des comptes consignés par Benoît Floch.


Bruno Latour : (...) à Sciences Po, les anciens bourgeois se trouvent brassés avec des élèves de banlieue et usent leur culotte dans des amphis remplis à 70 % d'étrangers et doivent passer une année complète dans une grande université étrangère. Intolérable. (...)

Benoît Floc'h : l’objectif assigné par l’Etat à l’IEP était d’atteindre 30% de boursiers d’ici 2012. Fin 2011, il n’était pas atteint, précise la Cour. « L’établissement compte en fait 23% de boursiers du CROUS en 2010-2011, auxquels s’ajoutent 3 % d’étudiants étrangers recevant une bourse de Sciences Po. »
En revanche, le nombre d’étudiants ayant un parent cadre ou exerçant une « profession intellectuelle supérieure » a augmenté sur la période, passant de 58,5% en 2005-2006 à 63,5% en 2010-2011. C’est donc surtout au bénéfice de ceux issus de ces milieux que l’augmentation du nombre de boursiers s’est faite.


Bruno Latour : A force d'innover, Sciences Po était parvenue à restaurer le prestige des universitaires en les payant décemment, en les ouvrant au marché mondial, et en faisant converger - crime inexpiable - les fonctions de professeur et de chercheur.

Benoît Floc'h : les vacataires qui ne représentent que 17 millions d’euros sur les 30,4 millions d’euros de dépenses de « personnel académique » de la FNSP, assurent 93% des heures de cours.


Bruno Latour : La chance du corsaire Descoings, c'était de confier le trésor accumulé au mathématicien Crès : c'était avoir tous les avantages de l'innovation, sans le stigmate du drapeau noir hissé sur le mât.

Benoît Floc'h : Richard Descoings a gagné 537 247 euros en 2010, 505 806 euros en 2011, se fixant lui-même une partie de sa rémunération. « Ce niveau de rémunération est hors de proportion avec celui que perçoivent en France les dirigeants d’établissements publics d’enseignement supérieur. »


Bruno Latour : J'ai servi sous Descoings et sous Crès et, comme beaucoup de mes collègues, malgré un an de bombardement médiatique, j'en suis fier. Pour conclure, je vais m'enfoncer plus encore : je crois toujours à ce projet. Je ferai tout pour aider à le réaliser ceux qui ont encore l'audace d'y croire.

Benoît Floc'h : En 2011, onze cadres ont perçu des primes allant de 10 000 à 30 000 euros. Les modalités d’évaluation des cadres pour décider des primes étaient orales et floues.

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