« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

dimanche 27 octobre 2013

Quand le Collège de France participait en 2009 aux festivités du cinquantenaire de la mort de l'écrivain officiel du pétainisme.

En 2009, la " Société de Amis d'Henri Pourrat " organisait une série de manifestations à prétention culturelle afin de célébrer Henri Pourrat, un " écrivain " plus que mineur qui connût son heure de gloire sous le régime de Vichy. Parmi les nombreux " partenaires " de ces célébrations il y avait le Collège de France.

source : http://www.henripourrat.com/zfiles/61.pdf

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Source : http://www.henripourrat.com/zfiles/122.pdf

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Dans Ecrire la France, un ouvrage paru aux PUF en 1991, Anne-Marie Thiesse nous donne à voir un Henri Pourrat sans conte ni légende :

" Il [Henri Pourrat] devient à partir de 1941 l'écrivain officiel du pétainisme. " p143

" Le chantre de la Révolution nationale.
Un mois après avoir enrôlé Mistral sous sa bannière, le Maréchal [Pétain] visite Ambert et rencontre Pourrat. Le voisinage des deux hommes n'est pas que géographique. Depuis une dizaine d'années, Pourrat produit des essais consacrés au paysan comme fondement universel de l'Humanité. (...)  
Des tirades contre la vie facile des années 1925-1930, laquelle aurait entraîné la Crise, se terminent par des exhortations à retrouver l'ordre éternel des champs. (...)  
La mystique paysanne, telle qu'elle est longuement développée par Pourrat, de mêmes que les accusations lancées contre le monde urbain et les plaisirs de la modernité, sous-tendent la propagande de la Révolution nationale. Pourrat va donc faire l'objet d'une importante promotion sous le régime de Vichy, marquée notamment par l'attribution du prix Goncourt en 1941. Avec un remarquable esprit d'indépendance, l'Académie couronne le nouvel écrivain officiel. Vent de mars, l'ouvrage lauréat, n'est pas un roman. C'est, comme le souligne la déclaration faite à la presse par l'Académie, un guide des nouvelles valeurs (...)  
Une réunion en hommage au nouveau Goncourt a lieu le 8 février 1942, dans la salle des fêtes de Chammalières. Le ministre de l'Agriculture, P. Caziot, prononce un discours magnifiant l'oeuvre de l'écrivain qui illustre si bien le sens de l'action pétainiste. (...)  
La promotion de Pourrat se poursuit intensément les mois suivants. La Radio nationale et la presse multiplient les présentations du grand écrivain. Pourrat, de son côté, paie de sa personne pour appuyer une Révolution nationale dont il se fait le zélé exégète. Bien qu'affaibli par la maladie, Pourrat a toujours beaucoup écrit : mais on ne peut qu'être stupéfait par l'abondance de sa production entre 1940 et 1944. Il publie près de 200 article :articles très répétitifs, il est vrai. Sa signature est partout : dans la presse " d'information " , dans les périodiques des organismes vichystes (La Légion, Compagnons, etc.). En 1942, il donne Le Chef français. Cette hagiographie du Maréchal compare le Sauveur de la France à Jeanne d'Arc. (...)  
le grand thuriféraire du Maréchal n'est guère inquiété à la Libération. " pp 271-273.

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