« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

lundi 9 décembre 2013

La droite est au pouvoir (88).

 Dans un article titré " L'université jugée trop éloignée des entreprises " mis en ligne sur site du Monde le 9 décembre 2013 Nathalie Brafman et Isabelle Rey-Lefebvre montrent que les " socialistes " français sont des serviteurs empressés des dominants et des possédants.

" Méfiance mutuelle, formations inadaptées, diplômés au chômage… Entre l'université et les entreprises, c'est le grand malentendu. Certes, ces dernières années, rapports et instances de concertation sur la nécessité de rapprocher les deux mondes se sont multipliés. Mais
« il est temps de passer à l'action », exhorte Sandrine Javelaud, directrice de la mission éducation et enseignement supérieur au Medef.
Lundi 9 décembre, Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur, lance le comité Sup'Emploi. Présidé par deux anciens chefs d'entreprise, Henri Lachmann (Schneider Electric) et Françoise Gri (Manpower France), il est chargé d'anticiper les métiers de demain et d'agir pour l'insertion professionnelle des jeunes. Les propositions sont attendues avant la fin du premier semestre 2014.
Les faits sont là : 56,3 % des entreprises considèrent qu'il est difficile pour elles d'identifier les filières et les formations qui correspondent à leurs besoins et à leurs compétences selon une étude de l'association IMS-Entreprendre pour la cité, réalisée en avril 2012. Pire : pour 42,8 % des entreprises, le nombre de collaborateurs recrutés dans les universités correspond à moins d'un quart du total de leur recrutement.
La concurrence entre grandes écoles et universités, une spécificité française, explique en partie ce déficit de collaboration. Les patrons et les directeurs de ressources humaines, issus de ces écoles, embauchent plus volontiers leurs jeunes diplômés.

« Il y a une espèce d'atavisme, les entreprises considérant que les écoles sont mieux structurées que les universités. C'est un tort. D'où, sans doute, une sorte de défiance voire d'opposition du milieu universitaire », reconnaît Henri Lachmann.
Pour les entreprises, les enseignants-chercheurs sont parfois encore trop éloignés des réalités du monde professionnel.

« Un certain nombre d'enseignants s'imaginent encore qu'ils forment des jeunes pour être professeurs d'université ou chercheurs au CNRS, admet François Germinet, président de l'université Cergy-Pontoise. Or, sur une promotion qui entre en licence, moins de 1 % deviendra enseignant-chercheur. La moitié ira dans le public, l'autre dans le privé. »
L'université doit non seulement faire un effort d'adaptation de ses cursus, mais aussi de clarification de ses diplômes.
« Nos coopérations avec les dirigeants de quelques universités sont aussi étroites et fructueuses qu'avec ceux des écoles. Ce n'est pas toujours le cas avec les enseignants chercheurs responsables de masters qui doivent mieux prendre en compte nos besoins », souhaite Jean-Marc Mickeler, directeur des ressources humaines du cabinet de conseils Deloitte. Pour cet employeur qui recrute chaque année 800 jeunes diplômés bac + 5 – 60 % d'écoles de commerce, 20 % d'ingénieurs et 20 % de l'université –, l'intitulé des masters est révélateur : s'il est clair, sa formation sera opérationnelle ; pas s'il est abscons.
Avec la loi sur l'enseignement supérieur datant de juillet, l'entreprise contribuera à la politique de formations des universités.
 
« La création de conseils de perfectionnement des formations en lien avec la demande socio-économique permettra de voir si les formations sont en adéquation avec les besoins des entreprises », déclare Sandrine Javelaud.
Ce chantier ne part pas de zéro. Depuis une quinzaine d'années, des universités ont multiplié les formations professionnalisantes. Il existe ainsi aujourd'hui 2 200 licences professionnelles. Et plusieurs d'entre elles ont noué de fortes relations avec les entreprises locales. Exemple : le Club des entreprises de l'université de Savoie, à Chambéry, compte ainsi mille partenaires, dont Somfy, Téfal et le distributeur suisse Migros qui suscite la création de formations ciblées et examine leurs débouchés.

« Il faut simplifier l'offre de formation mais ne pas trop la spécialiser, notamment en premier cycle, insiste Claude Deffaugt, président de ce club et par ailleurs directeur de Migros France. Beaucoup d'étudiants s'enferment dans des cursus pointus, ne débouchant que sur des micromarchés. La spécialisation n'est justifiée qu'en master. »
L'apprentissage se développe. A l'université de Cergy-Pontoise, 10 % d'étudiants sont apprentis contre 7 % pour la moyenne nationale. C'est encore très loin de l'Allemagne qui compte 50 % d'apprentis. Geneviève Fioraso veut faire grimper le nombre d'étudiants en alternance à 17 % à l'horizon 2020, soit un étudiant sur six. "

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